version anglaise Projet SoTAC

 

Soigner le travail : une activité collective. Reconfigurations des collaborations pluri-professionnelles dans les nouveaux services de prévention et de santé au travail

 

Faisant suite aux « Rapports Lecocq » remis au Premier ministre le 28 août 2018 et le 28 octobre 2019, et transposant l’Accord national interprofessionnel conclu le 10 décembre 2020, la loi n°2021-1018 du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail entérine une nouvelle réforme du système de Santé au travail en France. Ce changement législatif entend modifier en profondeur les missions des Services de santé travail :

– D’une part, il s’agit d’opérer un décloisonnement entre la santé au travail et la santé publique ;

– D’autre part, et sous certaines conditions, d’étendre l’action des services aux besoins de nouveaux publics.

Afin de répondre à ces nouvelles prérogatives, cette réforme souhaite également transformer l’organisation de ce qu’il est désormais convenu d’appeler les Services de prévention et de santé au travail (SPST), notamment à travers plusieurs mesures faisant appel aux collaborations interprofessionnelles et au travail en équipe pluridisciplinaire. Tout ceci questionne donc les reconfigurations à venir au sein des SPST en matière de coopérations pluri-professionnelles, ainsi que leurs effets sur les services proposés, ceci dans un contexte où la pénurie de médecins du travail est prégnante.

Pour autant, les travaux de sciences sociales prenant pour objet l’organisation de la Santé au travail ont rarement porté sur les relations et collaborations interprofessionnelles, pour se concentrer en premier lieu sur l’activité des médecins du travail (eg. transformations des pratiques face à la pression temporelle, rapports au patronat, formes de militantisme, etc.). Dans ce contexte, le projet de recherche SoTAC vise à combler cette lacune et se donne plusieurs objectifs :

– Le premier est de saisir la teneur des interactions professionnelles qui ont cours dans les SPST, ceci en appréhendant « en train de se faire » les reconfigurations engendrées par la réforme ;

– Le second est de cerner les processus de territorialisation de ces reconfigurations, dans la mesure où l’application et la mise en œuvre du droit sont toujours sujettes à des traductions locales, procédant des rapports socio-historiquement construits entre les instances en présence, ces traductions pouvant être vecteurs de projets de développement et de partenariats spécifiques ;

– Le troisième consiste à cerner les effets de ces reconfigurations sur l’organisation des services, sur l’activité des professionnels ou encore le regard qu’ils portent sur leur métier ;

– Le quatrième porte sur les éventuelles incidences de ces reconfigurations en matière de formation et de recrutement en cherchant à saisir quelles sont les caractéristiques et les compétences attendues des professionnels de ces nouveaux SPST.

L’aboutissement de cette recherche est d’observer les changements à l’œuvre, repérer d’éventuels « points de blocage » ou « bonnes pratiques », et finalement contribuer à accompagner les services et les professionnels dans le processus d’adaptation au nouveau cadre qui leur est donné. Les résultats de la recherche pourront par exemple se concrétiser à travers l’établissement de « kits de formation » – initiale et continue – à la coopération pluri-professionnelle. En définitive, tout en étant essentiellement de nature observationnelle, cette recherche vise à favoriser la progression de l’efficience des SPST, la coordination des acteurs qui les composent et ainsi contribuer à poursuivre l’amélioration des services rendus aux usagers.

 

Université Toulouse III
Université de Reims
Université Clermont Auvergne
Université de Bordeaux
Lescores
Iresp
CRESCO
Cérep

Porteur du projet :

 Samuel JULHE
 coordination du projet